Cette exposition, qui porte comme titre un jeu de mots (en grec), tente de transformer le sens de cette phrase ambiguë « formation continue » et de soulever des problématiques au sujet du processus d’apprentissage, allant jusqu’à la (ré)utilisation de symboles nationaux-culturels et l’inconstance de l’histoire. Les installations, qui accompagnent ce cadre conceptuel et font partie de la longue recherche de l’artiste Vasilis Alexandrou, dialoguent avec les notions précitées en une narration unique à propos de l’éducation et de la relecture de l’histoire. 
La conception latente de base à toutes les installations est celle du mot « forcée », qui est cependant attribuée avec le sens du mot anglais « force », c’est-à-dire le pouvoir, l’(op)pression, la force motrice. Cette notion prend la forme d’interférence, qu’elle soit institutionnalisée dans les cas des installations qui traitent de la forme d’apprentissage, ou une action d’interposition qui dénature la structure et l’histoire des déchets nationaux exposés.

La narration commence par les méthodes du processus éducatif et de la typologie de l’apprentissage, la façon qui nous mène finalement à l’apprentissage. Ce qui nous conduit à l’expérience de Jacotot et son « enseignement universel » afin d’« émanciper les intelligences », qui complète conceptuellement l’installation des aquariums et du hachoir à viande : à quel point le processus d’apprentissage est-il interventionniste pour chaque sujet intellectuel ? Dans quelle mesure ce système favorise-t-il le modèle de l’inégalité intellectuelle ? Quelles sont les limites de l’abus de la méthode exégétique de l’enseignant et quelle est l’équation du rapport enseignant-élève-livre ? Les lieux communs entre l’œuvre iconoclaste de Rancière et l’ensemble de l’expression artistique que nous présentons sont manifestes et contribuent à l’exploration des questions complémentaires au sujet des marges de la manipulation ou émancipation de l’apprenant. L’installation de l’amphithéâtre scolaire, qui entraîne dans un premier temps l’évocation du vécu scolaire commun, contribue également à la déstructuration des chaires de l’éducation et de l’ordre établi. L’effort laborieux de l’ordre se trouve décomposé et commenté artistiquement en tant que frein à la libre investigation  « sur une route où le chercheur est continuellement seul dans sa recherche » .

À travers une exposition intemporelle d’instantanés de l’histoire, qui caractérisent les installations, il y a transition vers les fragments nationaux qui sont composés d’objets avec une détérioration évidente et une partie inhérente de matériel éducatif. Des symboles-chaînes, inextricablement liés aux notions d’éducation et d’identité, sont exposés sous forme de fragments consommables réutilisés d’un passé historique et glorieux. Emblèmes déformés par le temps ayant modifié leur charge conceptuelle, ils contribuent au réexamen de l’histoire et l’installation finale History. Une histoire qui se propose malléable et modifiable aux exigences de chaque conjoncture temporelle et peut modifier son cours par une simple pression sur la pédale de la pompe, action à laquelle tout le monde est invité à intervenir. 

Rena Pitsaki 
Archéologue & Historienne d’Art 

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   B.Russell, «(L’éducation en tant qu’institution politique) 
Η εκπαίδευση ως πολιτικός θεσμός» éd. Plethron, 2016, p.15
  J. Rancière, «(Le maître ignorant) Ο αδαής δάσκαλος», éd. Nisos, 2008, p.34